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Le défi des renouvelables et de la sobriété pour les années à venir

La Journée de l’Environnement du 31 mars 2011, organisée par l’Institut Polytechnique LaSalle Beauvais, a fait le point sur l’avancée des recherches et des nouvelles techniques liées aux énergies renouvelables.

Un bilan énergétique lourd et des conséquences inévitables

Michel DUBOIS (LaSalle Beauvais) et Luc de MARLIAVE (TOTAL) ont posé les constats du bilan énergétique au niveau mondial dans une vision prospective jusqu’à 2050 :

  • La population mondiale atteindra 9 milliards d’habitants, soit 2 milliards de plus qu’à la fin de cette année. Sauf crise majeure, la croissance économique globale, surtout tirée par les pays dits émergents, entrainera, en absence de changement, une croissance de la demande mondiale en énergie d’au moins 40% par rapport à la demande actuelle.
  • La part des énergies renouvelables, bien qu’en croissance rapide, ne couvrira pas cette augmentation. En prenant en compte la décroissance des énergies fossiles – baisse de la production pétrolière, mesures volontaristes contre la production de gaz à effet de serre – il manquera entre 5,1 et 8,5 Gtep (milliards de tonnes équivalents pétrole) pour répondre à la demande totale estimée à 20 Gtep ! Comment les combler ? Sobriété énergétique ? Efficacité énergétique ? Nucléaire ?… Il s’agira d’une transformation industrielle et sociétale considérable.

Les différentes voies d’énergies alternatives

Les biocarburants représentent un enjeu à la fois économique et écologique face à l’augmentation du prix du pétrole, à l’épuisement des ressources fossiles et aux problèmes environnementaux, comme le souligne Robert RALAINIRINA (LaSalle Beauvais). Ces biocarburants, issus de la transformation de matières végétales, sont nettement moins polluants et se positionnent comme des pistes prometteuses de substitution aux énergies fossiles.

Parmi les techniques d’avenir, les nanomatériaux (nanoparticules, nanofilms, nanofibres) et les bioénergies (micro-ondes, ozonation, méthanisation) sont plus que jamais d’actualité.

Thierry RIBEIRO (LaSalle Beauvais) revient sur le mode de production du biogaz par la méthanisation de la matière organique. Il insiste sur ses valorisations possibles : l’électricité, la chaleur – voire même le froid – (utilisé en chaudière ou en injection dans le réseau de gaz), ainsi que le carburant par la production du biométhane. Grâce à la volonté politique de développement de cette bioénergie, 1000 unités de biogaz devraient voir le jour sur le territoire national, d’ici 4 à 5 ans.

Pour anticiper les besoins en énergie de demain tout en réduisant parallèlement les émissions de gaz à effet de serre, il sera nécessaire d’utiliser plusieurs énergies renouvelables comme ressources additionnelles aux énergies fossiles dont la part doit nécessairement décroître.

TOTAL, pour sa part, a choisi de parier sur le solaire, la biomasse et une énergie sans CO2 : le nucléaire. En ce qui concerne la biomasse, l’entreprise privilégie trois voies de transformation expérimentées dans 8 projets pilotes : la thermo-(bio)chimie pour les carburants, le biochimie pour les lubrifiants et les algues photosynthétiques pour les produits chimiques.

Chaden DIYAB (IES-EMCA) souligne cependant l’importance de trouver des solutions environnementales, industrielles et politiques afin de préserver l’équilibre entre les pays producteurs pétroliers du Sud et ceux producteurs de technologies du Nord.

Les énergies renouvelables en Picardie

Christian FABRY (ADEME Picardie) et Christophe PORQUIER (Conseil régional de Picardie) rappellent un avantage notable du développement des énergies renouvelables qui réside dans la garantie de l’autonomie énergétique des territoires. Cette évolution va conduire à des modèles énergétiques décentralisés et adaptés.

Ainsi, Christian FABRY explique qu’en Picardie de nombreux projets sont concrétisés et continuent de s’étendre dans les domaines de l’éolien et des chaufferies à bois. Christophe PORQUIER a présenté sur ce sujet la politique énergie-climat engagée par la région.

Parallèlement au soutien actif du développement des énergies renouvelables – la Picardie est la première région éolienne de France -, la région investit pour la maîtrise de la consommation. L’objectif est de favoriser l’évolution et la transition économique vers la valorisation des potentiels locaux et la maîtrise des filières locales, notamment pour la chaleur-bois et les produits locaux d’isolation pour l’habitat (lin, chanvre, paille).

Pour les énergies de demain : de nombreux défis technologiques

  • résoudre la problématique du stockage dense de l’énergie produite par intermittence par les énergies renouvelables,
  • accélérer la Recherche & Développement,
  • réussir à  associer négawatts (= une moindre consommation) et énergies alternatives,
  • parvenir à accroître le potentiel alternatif,
  • créer des outils et des méthodologies pour évaluer les risques de tous ces nouveaux systèmes de production d’énergie (risques sanitaires ; compression et épuration du biogaz pour le carburant ou le réseau de gaz ; les nanomatériaux ; ….)
  • former du personnel dépendant des communes pour la maintenance des éoliennes,
  • partager les acquis technologies avec les pays du sud (éduquer, former, transférer)
  • développer des filières locales de valorisation des matériaux locaux
  • etc…

Il faudra donc que des investissements colossaux soient décidés, tant en R&D qu’en production industrielle, associés à une modification profonde de notre façon de vivre.

Un exemple concret

… à l’échelle de la ville de Beauvais : Réseau de chaleur à bois

Depuis octobre 2010, une chaufferie centrale alimentée au bois produit de la chaleur pour tout un quartier de la ville de Beauvais. Logements et équipements publics sont alimentés au moyen d’échangeurs thermiques. Les bénéfices ? 6 emplois à temps plein ont pu être créés, les usagers voient leurs charges réduites et stabilisées, les émissions de CO2 de la ville ont diminué de 10 % et ce système a donné une impulsion à la filière bois-énergie picarde.

Les diapositives de toutes les présentations seront très prochainement accessibles sur le site Internet de l’école, sur la page dédiée aux Journées de l’Environnement : www.lasalle-beauvais.fr